Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/436

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temps dans un silence résigné que son oncle lui reprochait comme un coupable entêtement.

Un matin, Cécile était assise auprès de la cheminée ; elle tenait sur son tablier un morceau de toile qu’elle avait commencé de coudre. Cependant elle ne travaillait pas ; ses mains inactives reposaient sur ses genoux ; son œil était arrêté fixement sur le feu éteint, et elle se parlait à voix basse à elle-même. Le nom de Barthélemy et celui de son oncle tombaient parfois de ses lèvres avec un profond soupir ! Mais son visage demeurait impassible et semblait inanimé comme celui d’une statue.

Soudain un bruit de pas vint frapper son oreille ; la pâleur de la mort se répandit sur ses traits, et elle se prit à trembler comme si elle eût redouté une terrible apparition.

C’était en effet Mathias, qui ouvrit une porte et entra dans la chambre.

Cécile pencha davantage encore la tête, comme si elle eût voulu cacher son visage ; elle ne fit pas d’autre mouvement.

La physionomie de Mathias était contractée par un sourire si cruellement méchant, que l’effroi de la jeune fille n’était vraiment pas exagéré.

Il s’approcha de Cécile sans parler, sous le prétexte apparent de chercher quelque chose dans le foyer avec les pincettes, et marcha si pesamment sur le pied de la jeune fille, qu’un frémissement douloureux courut dans tout son corps. Elle ne dit cependant pas un mot. Lui haussa les coudes à la hauteur de la tête de Cécile, et les lui poussa violemment en plein visage, sans qu’aucune