Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/437

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

plainte s’échappât de la bouche de la victime. Au contraire, elle se blottit sur sa chaise et se fit petite comme quelqu’un qui s’attend à souffrir et accepte le supplice avec la résignation de l’impuissance.

Après avoir maltraité de mille manières la jeune fille, dont le corps sans résistance semblait un être inanimé, Mathias s’écria d’un ton rude :

— Tu es là comme un morceau de bois ! Ôte-toi de mon chemin !

En disant ces mots, il la poussa si violemment par les épaules ; que sa tête alla heurter la cheminée.

Elle reprit toujours silencieuse sa précédente attitude, mais se mit cette fois à verser un torrent de larmes.

Le bourreau s’éloigna de deux ou trois pas, se croisa les bras, et lui dit en la contemplant d’un air ricaneur :

— Je t’ai dit hier que c’est aujourd’hui le dernier jour. Songes-y bien ! Il n’y a pas de choses affreuses auxquelles tu ne doives t’attendre si le soleil se couche avant que j’aie ton consentement !

Et comme la jeune fille demeurait immobile et muette, sa rage en devint plus vive :

— Ah ! s’écria-t-il, tu te tais ? C’est la dernière apparence de force qui te reste. Tout en toi doit être annihilé ! Je sais le moyen de délier ta langue. Allons, parle ! Il s’élança vers Cécile, étreignit ses épaules de ses poings musculeux, et la secoua si violemment, que la tête de la jeune fille en tourna en même temps ; il fixait sur ses yeux un regard empreint d’une telle férocité, que la pauvre enfant, craignant de mourir, se prit à trembler de tous ses membres.