Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/442

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Il me faudra peut-être te faire sentir encore un peu si mes doigts sont de chair ou de fer ; mais ce n’est plus nécessaire ce matin ; je garderai mes forces pour l’après-dîner. En attendant, réfléchis à ce qu’est le mariage, cela te sera peut-être utile dans l’autre monde !

Ce disant, il alla sur le seuil de la porte extérieure, regarda dans toutes les directions et murmura à part lui :

— L’odieuse veuve n’est pas là, hâtons-nous.

Il rentra dans la chambre, et, la flamme de la menace dans les yeux, il dit à Cécile :

— Je dois sortir pour un instant. Mets le verrou en dedans. Peut-être Frans Dalinckx viendra-t-il pour payer son fermage. Fais-le attendre. Et si tu oses ouvrir à quelqu’un autre…

Il leva la main, contracta ses doigts comme une serre, et, faisant le geste de saisir Cécile par le cou, il ajouta, les lèvres crispées par une haine féroce :

— Tu m’entends !

Après quoi il la laissa toute tremblante, et s’éloigna de la maison par le chemin qui conduisait au village.

À peine était-il sorti que Cécile se leva, poussa le verrou, rentra dans la chambre et alla s’agenouiller dans un coin obscur, les mains jointes et implorant avec ferveur la protection de Dieu.

Un lugubre silence régnait autour d’elle. Dans cette solitude complète, son cœur se dégonfla, elle se mit à pleurer, et sa prière fut entrecoupée de sanglots douloureux.

Parfois le vent s’engouffrait dans la cheminée ou quelque craquement se faisait entendre dans le vieil édifice.