Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/443

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Alors Cécile tremblante se tournait vers la porte et son visage pâlissait d’effroi. Chaque fois elle reprenait sa prière interrompue.

Tout à coup elle étendit un coup léger à la porte, si bas et si discret que son oreille le perçut à peine. Elle se leva pourtant et se rapprocha de la porte. Le coup fut répété.

— Qui est là ? demanda Cécile à voix basse aussi, comme si le ton de la voix extérieure l’eût maîtrisée.

— Cécile, êtes-vous seule ? demanda-t-on par le trou de la serrure.

— Ah ! chère Catherine, répondit la jeune fille, qui reconnaissait la voix, pour l’amour de Dieu, allez-vous-en. Éloignez-vous de notre porte.

— Vous êtes seule ? Laissez-moi entrer, laissez-moi entrer ! dit Catherine d’une voix suppliante.

— Je ne puis pas… Oh ! allez-vous-en ; je tremble de vous voir ici.

Il se fit un instant de silence. La voix du dehors reprit bientôt d’un ton plaintif :

— Ô Cécile ! ma pauvre petite Marie est là couchée sur votre seuil, mourante de faim ; un seul petit morceau de pain peut la sauver. Et vous, Cécile, vous ne me donneriez pas ce morceau !

La jeune fille, sans songer à ce qu’il pouvait y avoir de vrai ou de feint dans cette lamentation, se mit à trembler et regarda fixement le verrou de la porte, en étendant la main pour l’ouvrir ; mais elle s’arrêta avec terreur, comme si le verrou eût dû la brûler.

— Vite, oh ! vite ! dit la voix du dehors ; elle se meurt, elle se meurt !