Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/444

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Cécile tira le verrou avec une précipitation fébrile, et ouvrit la porte à demi ; la pauvre femme, qui épiait ce mouvement, entra de force dans la maison. En voyant Cécile qui la contemplait d’un air surpris et interrogateur, elle craignit qu’un cri ne lui échappât, et, mettant la main sur la bouche de la jeune fille, elle dit à voix basse :

— Silence ! Mon enfant ? elle est à la ferme de la Chapelle, bien portante et en bonnes mains. Je vous ai trompée, il fallait que je vous parlasse. Où est votre oncle ? en haut ? Parlons bas, il ne faut pas qu’il nous entende.

— Oh ! allez-vous-en, partez ; Mathias va revenir à l’instant ! dit la jeune fille toute frissonnante de peur.

Catherine alla à l’armoire, en tira un pain en femme qui avait la connaissance des lieux, et en coupa un petit morceau. Elle ferma l’armoire, revint à Cécile, et dit :

— Voici l’aumône que vous m’avez donnée. Et ne lui dites pas autre chose. Je l’ai vu ; il est entré chez le notaire… Ne me priez pas de partir. Il y a trois mois que je guette un moment pareil ; pour saisir ce moment, j’ai tous les jours, du matin au soir, espionné le couvent. Je veux savoir ce qui se passe ici. Ce n’est pas sans dessein que Mathias va chez le notaire : ce doit être pour des affaires sérieuses, qui demandent du temps. Il ne reviendra pas de sitôt… Cela aussi je le découvrirai. Vous êtes pâle et maigre comme une morte… Que se passe-t-il ici qui vous fait dépérir ?

— Catherine, ma chère Catherine, je ne puis parler, répondit la jeune fille.

— Vous ne pouvez parler ? répéta la pauvre femme avec amertume. Que craignez-vous donc ? La mort est