Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/446

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La jeune fille pencha la tête pour dissimuler la rougeur qui colorait ses joues.

— Ah ! dites-le-moi, Cécile, dites-moi que vous l’aimez !

— Je ne le puis, Catherine ; vous ne garderiez pas le secret de mon cœur.

— Mais, Cécile, si par là je pouvais sauver la vie à quelqu’un ?

— Ah ! qu’il sache donc ce que je n’ai pas encore osé m’avouer à moi-même. Son absence est ma plus grande douleur ; — et, s’il me faut mourir, j’emporterai son souvenir auprès de Dieu…

Catherine se leva, ouvrit la porte à demi, et regarda au loin dans la campagne. Elle rentra et reprit :

— Je ne vois pas encore Mathias. Reprenez courage, Cécile, révoltez-vous contre lui ; c’est un lâche !

— Catherine, est-il donc vrai que Barthélemy soit si malade ?

— Malade, non, répondit la mendiante ; mais pâle, maigre et languissant comme vous, mademoiselle. Il est assez près de la fosse pour mourir si rien ne vient le consoler. Mais j’ai maintenant un baume pour sa blessure… Dites-moi, chère Cécile, dites-moi bien vite ce qui s’est passé ici depuis ces trois malheureux mois ?

— Écoutez, Catherine : vous promettez de ne rien répéter à personne, n’est-ce pas ? Et pourtant, comme vous dites, qu’y a-t-il de pire que la mort ? Mathias veut que je devienne sa femme…

— Je le pensais bien ! murmura Catherine.

— Mon oncle me l’ordonne chaque jour. Je mourrais