Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/448

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tement pire encore, plus d’une fois j’ai regardé la porte, mais…

— Faiblesse ! lâcheté ! s’écria Catherine d’un ton net et péremptoire.

— Mais mon oncle ? Dois-je l’abandonner seul, dans le secret de ces murs, à la perfidie, à la cruauté de Mathias ? Et puis la honte ! Une jeune fille qui se sauve de chez elle !

Elle se tut : Catherine s’était levée pour aller voir à la porte.

— Il vient là-bas, dit-elle en regagnant sa place sans s’émouvoir. S’il me voit, parlez-lui du morceau de pain que vous m’avez donné par pitié. Ne perdez pas courage : je viendrai à votre aide ! Et si je ne suis pas là à temps, fuyez cette maison que Dieu a maudite.

L’effroi avait ressaisi la jeune fille ; on eût dit que le retour de Mathias la réveillait d’un rêve. Elle tremblait, elle tendait les mains vers la pauvresse, elle disait d’une voix pleine de prière :

— Oh ! allez-vous-en, allez-vous-en ! Il vous maltraitera !

— Je ne le crains pas, répondit Catherine ; soyez tranquille, chère Cécile, vous me reverrez.

La pauvre femme quitta la maison à pas lents. Arrivée devant la porte elle remarqua que Mathias l’avait aperçue, et que pour cela même il accourait plus vite vers la maison. Elle s’éloigna de deux ou trois portées d’arbalète, et s’arrêta en se disant :

— Il va maltraiter Cécile, peut-être ; mais j’irai écouter par le trou de la serrure ce qui se passera.