Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/449

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Bientôt elle vit Mathias quitter le sentier et prendre une autre direction pour gagner le lieu où elle se trouvait. Elle l’attendit sans s’émouvoir.

Lorsque Mathias se rapprocha, il se mit à proférer mille menaces contre la veuve ; mais elle le reçut avec un sourire si provoquant et lui lança un regard si méprisant, qu’il s’arrêta tout à coup.

— Qui vous a ouvert la porte ? s’écria-t-il frémissant de colère. Qu’alliez-vous faire au couvent ?

— Toutes sortes de choses épouvantables ! dit Catherine d’un ton moqueur. J’ai prié pendant une demi-heure pour un morceau de pain, et Cécile me l’a donné. Tout le monde n’est pas aussi dur que vous.

— Montrez-moi le pain ? dit Mathias d’un ton impérieux qui prouvait qu’il ne croyait pas à ce qu’on lui disait.

La veuve lui tendit le morceau de pain. Il le tourna et retourna deux ou trois fois, le rendit à Catherine en lui disant :

— C’est égal, n’approchez plus de chez nous, ou vous vous en repentirez.

— Je ris de vos menaces, répondit Catherine d’un ton déterminé. Vous ne pouvez rien me faire. Mais moi, moi pauvre mendiante, je saurai bien vous trouver un jour !

— Toi ! s’écria Mathias hors de lui en levant la main comme s’il voulait la maltraiter. Pas un mot de plus, ou je te brise le cou !

Catherine étendit la main vers un champ où travaillaient trois ou quatre laboureurs.