Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/450

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— Voyez-vous là-bas, dit-elle, tous ces hommes m’aiment et vous détestent. Touchez-moi du bout du doigt seulement, et je crie à l’assassin. Il ne manquera pas de témoins pour dire que vous êtes capable de pire encore. Ainsi, si vous n’aimez pas les gendarmes, veillez sur vos mains.

Mathias frémit de colère et de dépit, mais demeura immobile, et contempla avec stupéfaction et même avec une sorte d’effroi, la pauvre femme dont l’ironique sourire continuait à le narguer.

Elle reprit :

— Ah ! vous croyez être seul malin ! Il est bien possible que vous vous trompiez. Vous vous imaginez qu’on ne sait rien de ce qui se passe au vieux couvent ? Est-ce aujourd’hui ou demain que l’oncle Jean doit signer son testament ?

— Quoi ? que dites-vous ? s’écria Mathias surpris et déconcerté. Ce n’est pas vrai !

— Cela n’est pas vrai ? et vous voila comme un écolier qui va recevoir la férule ! Mais faites bien attention à ce que vous faites ; chacun doit avoir sa part. Si vous fermez les portes du couvent, la loi peut les ouvrir.

— La loi ? la loi ? Quelle raison la loi peut-elle avoir de faire œ que vous dites ?

— Écoutez, Mathias, vous savez aussi bien que moi que là où il n’y a pas de raison on en forge une… Et maintenant adieu, et au revoir !

Elle quitta Mathias tout interdit, et poursuivit son chemin en riant aux éclats.

Lui, profondément ému, la suivît des yeux pendant