Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/451

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quelque temps ; puis, tout absorbé par ses pensées, reprit la route du couvent. Chemin faisant il s’arrêta encore plusieurs fois, porta le doigt à son front, frappa du pied, et se trouva tellement préoccupé qu’il traversa la chambre où se trouvait Cécile, sans paraître la remarquer.

Il franchit une seconde porte et disparut dans l’arrière-corps du bâtiment.


VI



Le lendemain le soleil s’élevait majestueusement dans le ciel sans tache.

Déjà l’année avait atteint le milieu du mois de mai ; on avait, jusque-là, compté peu de beaux jours ; les arbres et les champs avaient si lentement revêtu leur parure printanière, que l’on s’était à peine aperçu de la transformation. Mais pendant la nuit le vent avait tourné du nord-ouest au sud. De ce point central de la chaleur et de la vie un courant chaud et balsamique venait ranimer la terre engourdie. La douce lumière du soleil rayonnait sur la nature joyeuse. C’était une journée aussi fraîche, aussi charmante qu’une jeune fille la tête ornée de la couronne nuptiale et prête à s’approcher de l’autel… De chaque arbre, de chaque arbrisseau s’élevaient des voix ; l’alouette planait, en chantant à gorge déployée, dans l’azur du ciel ; mille petits animaux de toute forme et de toute couleur bourdonnaient dans le feuillage, ou folâtraient en se jouant dans l’herbe renaissante… le sol même fourmillait de vie. C’était fête dans la nature entière !