Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/461

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— Et vous pleurez, Cécile ! dit le jeune homme avec élan. Comment, vous avez souffert pendant des mois dans une sombre prison ; un bourreau vous a frappée, martyrisée jusqu’à la mort ! Ah ! au moment où nous désespérions, lorsque rien ne pouvait nous délivrer que le cimetière… Dieu vous rend à la liberté. Vous êtes libre… libre, et vous pleurez ? Oh ! voyez, voyez ce que je fais, moi !

Il se jeta à genoux, leva les mains vers le ciel, et attachant sur la voûte azurée un regard extatique, il s’écria :


— Ô mon Dieu qui l’avez délivrée, merci, merci du fond du cœur pour votre miséricorde !

Sa voix s’éteignit, mais il resta à genoux, murmurant à voix basse une prière peut-être plus fervente encore.

Le regard surpris de la jeune fille se fixa sur lui avec admiration. Il était si beau, agenouillé ainsi, son âme généreuse peinte sur ses traits, ses yeux humides et brillants, levés vers Dieu ! Une si fervente reconnaissance rayonnait sur son visage que Cécile, tremblante d’émotion, oublia sa position et ressentit une indicible joie.

Lorsque, à la fin de sa prière, le jeune homme se releva lentement, il surprit sur le visage de Cécile une expression sereine, qui n’était pas un sourire, mais quelque chose d’indéfinissable qui annonçait les plus doux bonheurs de l’âme.

Barthélemy prit la main de la jeune fille en lui disant :

— Allons ! allons, ma pauvre mère sera si contente ! Allons, il fait si bon chez nous ! Votre chaise est tou-