Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/467

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son frère à sa mère, comme si elle demandait l’explication de cette singulière énigme.

Mais la brave femme n’eut pas le temps de trouver des mots pour exprimer son émotion ; son fils s’élançait dans le jardin, haletant, poussant des cris de joie, tout hors de lui.

— Mère, chère mère, Jeannette, sœur, je suis guéri ! Riez, chantez, réjouissez-vous : voici Cécile ! Elle vient ; on l’a chassée ; elle est pauvre comme nous, elle est déshéritée, elle va demeurer chez nous, elle sera votre enfant, mère… Voyez, voyez, la voilà ! Elle vous sourit déjà, la bonne âme ! Ah ! maintenant vous ne pleurerez plus, je suis si fort et si joyeux… Oh !

À bas chagrin et tristesse,
Ce sera toujours kermesse !

La pauvre femme contemplait son fils avec une joie inexprimable. Elle avait d’abord craint pour sa raison ; mais le ton de sa voix ne lui laissa plus de doute, d’autant plus que Cécile se rapprochait à grands pas de la ferme.

La veuve émue et l’heureuse Cécile tendirent les bras l’une vers l’autre d’un mouvement simultané. La jeune fille alla droit à la mère Anne et noua ses bras à son cou. Le baiser que la mère donna à sa seconde fille était ardent comme la plus ardente flamme de l’âme.

Barthélemy, immobile et tremblant de bonheur, contemplait cette scène touchante. Des larmes coulèrent sur ses joues, il leva vers le ciel un œil plein de prière, et, vaincu par l’émotion, appuya sa tête contre le puits.