Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/469

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qui tombait de sa bouche respirait l’énergie et la vivacité ; il était l’image même de l’allégresse intérieure.

Ce qui le réjouissait le plus, c’était la conviction que Cécile ne regrettait pas d’avoir fixé son séjour à la ferme. Il est bien vrai que souvent encore elle tombait dans une morne tristesse en songeant à son oncle, et qu’elle s’effrayait à la pensée de ce qu’il avait peut-être à souffrir dans le mystère du vieux couvent. Mais cette tristesse ne pouvait contre-balancer le bonheur que lui donnait la tendre affection de Barthélemy et de sa mère, ni les paisibles joies qui l’entouraient. De ses joues s’effaça peu à peu aussi la pâleur qu’y avait imprimée le chagrin, et bien qu’elle fût d’un caractère calme et posé, elle souriait pourtant de temps en temps avec cette sérénité qui indique la paix du cœur.

La jeune fille confectionnait des vêtements pour les paysannes du village, et comme elle était plus experte en cette besogne que bien d’autres, son travail lui valait mainte belle pièce de monnaie. C’était pour elle une grande joie, et cette circonstance ne contribuait pas peu à entretenir chez elle comme chez Barthélemy l’espoir d’un futur agrandissement de la petite métairie. La tire-lire recevait seulement quelques sous par semaine, parfois même pas un seul, mais parfois aussi une pièce d’argent ; quoi qu’il en fût, l’épargne grossissait, et quand Barthélemy, dans la chambre de sa mère y secouait en plaisantant la petite botte où venaient se confondre les deniers de l’amour et du travail, elle rendait un son très-agréable et qui promettait beaucoup.

Le jeune homme n’avait rien ménagé pour embellir la