Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/470

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

demeure maternelle et la rendre agréable et gaie aux yeux de celle qu’il aimait ; il s’était pris d’intérêt et d’affection pour tout ce qui était à sa portée. Dans le jardinet qui se trouvait derrière la ferme, il avait tracé des sentiers et des plates-bandes qu’il avait bordées de gazon d’Espagne toujours fleuri. Tout au fond, contre la haie de hêtre, il avait élevé un berceau qu’ombrageaient le chèvre-feuille et la vigne vierge ; il y avait construit deux bancs en face l’un de l’autre, l’un pour Cécile et la mère Anne, l’autre pour lui et sa sœur ; le dimanche, après vêpres, tous venaient s’y asseoir ; ils causaient, ils chantaient, ils célébraient, dans de calmes entretiens, les paisibles douceurs de la vie et l’inépuisable bonté de Dieu.

Le jardin était émaillé de fleurs de toute espèce, et les humbles plantes qui croissent dans la bruyère et dans les bois de la Campine s’y mêlaient à celles qu’on y a importées d’autres contrées. Frans, le domestique du jardinier du château, avait donné ces dernières à Barthélemy.

Aux murs mêmes de la maison étaient suspendues des cages où résonnaient sans cesse des chants vifs et joyeux ; des pigeons, qui venaient manger dans la main de Cécile, avaient leur logement sous le toit, et trottaient, la gorge enflée, dans les chemins. Aux angles du jardin s’élevaient de grandes perches surmontées de petits moulins et de chasseurs qui indiquaient avec leur fusil la direction du vent, toutes choses que Barthélemy, par amour pour Cécile, avait faites aussi bien qu’il lui avait été possible.