Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/481

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ouvrez aussi votre bourse à qui veut en tâter. Ce ne sera pas avec des stuivers que vous en serez quitte : chaque visite, chaque parole vous coûtera des florins.

— Ah ! attendons encore un peu ! dit le vieillard en retombant épuisé sur son lit.

— À bientôt donc, dit Mathias. Ayez bon courage ; vous n’êtes pas aussi malade que vous vous l’imaginez.

En disant ces mots y il quitta la chambre et descendit l’escalier. Il s’arrêta un instant, tout pensif, près du foyer et dit :

— Voilà la bombe qui éclate ! Le curé, Cécile, de la viande… demain le docteur et après-demain le notaire ! Oh ! il peut crier tant qu’il voudra, il n’en sera pas plus avancé : je tiens le ladre à ma merci, et personne ne peut l’entendre. Mais si du dehors on voulait venir le voir ? Si le curé lui-même voulait lui rendre visite ? Il n’y a qu’un moyen ; la mendiante ! Mais allons-y avec prudence… Il ne peut cependant pas mourir sans confession ; je ne veux pas avoir cette charge-là sur la conscience. Il pourrait après sa mort témoigner contre moi… Mais il est encore temps de penser à cela… Ah ! il voudrait manger de la viande ! et se rétablir ! et changer son testament ! C’est aujourd’hui jeudi : impossible de trouver de la viande ; demain c’est vendredi et après-demain samedi : la viande est défendue ces jours-là… et par conséquent il n’en aura plus besoin… Voyons, allons trouver la mendiante, et essayons ce qu’on peut faire d’elle… Si cela ne marche pas comme je l’entends, je chercherai un autre expédient. Quoique cette femme me fasse peur, avec un peu d’argent et beaucoup de pro-