Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/482

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messes, je la gagnerai peut-être. Cela ôterait deux obstacles de mon chemin : l’inimitié de cette femme et le bavardage des voisins. Et si elle est fidèle, ce sera de plus une surveillante pendant mon absence. Nous verrons qui est le plus fin de nous deux.

Ce disant ; il quitta le couvent et en ferma, en dehors, la porte à la clef.

— Si l’oncle Jean voulait s’en aller pendant que je suis loin ! murmura-t-il ; tout serait fini… Mais il n’aura pas cet esprit-là. Qui sait pourtant ? Tout est possible.

Et se parlant à lui-même, il continua sa route vers le village.

Tout à coup il vit de loin Cécile, qui venait à sa rencontre. Il pâlit à cette vue, mais se remit à l’instant même.

La jeune fille ne l’aperçut que lorsqu’elle fut tout près de lui. Sa physionomie prit une expression suppliante, elle s’avança vers lui en lui disant :

— Ah ! Mathias, je suis bien heureuse de vous rencontrer enfin. Soyez assez bon pour me dire franchement comment va mon oncle.

Le ton humble et affectueux de la jeune fille rassura Mathias sur ses intentions ; il répondit sans rudesse :

— Assez bien, Cécile. Il a la goutte ; c’est la maladie des gens riches. Personne n’en meurt, et il en guérira aussi, quoiqu’il ne quitte pas sa chambre depuis quelque temps.

— Et souffre-t-il beaucoup ?

— Cela va, cela va ! encore un peu.

Les yeux de Cécile s’humectèrent de larmes.