Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/483

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— Mais vous le soignez bien, n’est-ce pas> Mathias ? demanda-t-elle. Il ne manque de rien de ce qui peut le soulager ou le consoler.

— Que lui manquerait-il ? il est content, répondit l’autre.

Le regard de Cécile devint si suppliant que Mathias en fut tout étonné. Il crut probablement qu’elle voulait lui témoigner de l’amour, car il dit :

— Oui, Cécile, si vous aviez accepté ma proposition, un jour vous eussiez été une dame. Maintenant il est trop tard ; je suis seul héritier. Cela vient de votre refus.

— Mathias, dit la jeune fille donnant à sa physionomie l’expression la plus affable, Mathias, puis-je vous faire une prière ?

— Pourquoi non ?

— Me l’accorderez-vous, Mathias ? Je vous en serai si reconnaissante…

— Voyons votre demande.

— C’est bien triste pour moi, Mathias, que je n’aie pu voir mon vieil oncle une seule fois depuis sa maladie. Vous savez combien je l’aime ! Oh ! permettez-moi de l’aller voir, permettez-le-moi pour l’amour de Dieu ; je prierai pour vous, Mathias.

Le fourbe haussa les épaules et répondit :

— « J’y ai pensé aussi ; et si cela dépendait de moi, vous le verriez aujourd’hui encore, Cécile.

— Voyez-vous, Mathias, vous n’avez rien à craindre de moi ; quand même vous voudriez me céder l’héritage, je ne l’accepterais pas. Il y a un autre moyen d’être heureux sur la terre.