Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/485

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— Oh ! alors je viens vous chercher, qu’il le veuille ou non.

— Merci, merci, mon ami, dit la jeune fille tandis que Mathias s’éloignait déjà d’elle.

— C’est étrange, dit celui-ci en reprenant son chemin ; je crois vraiment qu’elle serait capable de dédaigner la succession si on la lui offrait. Elle est assez innocente pour cela ? Il y a d’autres moyens pour être heureux ! L’amour, sans doute ? Je suis curieux de savoir combien ce bonheur durera. L’oiseau qui n’a pas de graines dans son auge est bientôt à bout de chansons ! Ah ! elle a envie de voir son oncle ? Nous ferons bien en sorte qu’elle n’y réussisse pas…

Tout en réfléchissant à part lui sur ce sujet et sur beaucoup d’autres, il prit un sentier latéral et le suivit jusqu’à ce qu’il aperçut une cabane adossée à un taillis.

— Attention ! se dit-il, c’est là que demeure la veuve du maçon. Ne découvrons pas trop tôt notre dessein. Elle doit être chez elle ; car je vois là-bas son enfant qui se vautre dans le sable.

Il s’approcha, à pas circonspects, de l’humble chaumière d’argile. L’enfant ne l’aperçut qu’au moment où, arrivé tout près d’elle, il dit :

— Bonjour, chère Mariette ; où est ta mère ?

Comme si la petite fille eût entendu la voix d’un mauvais esprit, elle bondit sur ses pieds, toute tremblante, jeta un regard épouvanté sur Mathias, et s’enfuit, en criant et en pleurant, à travers le taillis, dans la direction des champs.