Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/487

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Attention, Catherine ! Il est rusé, et il est plus que probable qu’il a l’intention de te tromper. Je veux savoir ce qu’il a dans sa manche.

Elle arriva à la chaumière et entra en disant à Mathias :

— Eh ! est-ce bien vous que voila ? Je n’aurais pas cru que vous vous assoiriez jamais sous mon pauvre toit ; mais puisque vous y êtes, qu’y a-t-il pour votre service ?

— Asseyez-vous, Catherine, répondit Mathias embarrassé dès le début par le ton résolu de la veuve ; j’ai à vous parler d’une chose sérieuse.

La veuve prit une chaise et répondit :

— Je n’ai pas beaucoup de temps ; dépêchez-vous donc ; j’écoute.

— Voyez-vous, Catherine, je sais que vous êtes pauvre ; j’ai pitié de vous, et si je pouvais rendre votre sort meilleur, ce me serait une véritable joie.

— Oui-dà ! dit la veuve avec un sourire moqueur, c’est par pitié peut-être que, pendant l’hiver, vous avez maltraité ma pauvre Mariette, et m’avez jetée à la porte comme un chien ?

— Oubliez cela, Catherine ; les temps changent et les hommes aussi. Je regrette ma dureté envers vous. Je voudrais bien réparer cela si c’était possible. Maintenant je puis vous venir en aide et vous porter secours si vous ne repoussez pas mon assistance.

La veuve le considéra avec méfiance et sans dire un mot, bien qu’il attendit évidemment une réponse.

— Si je vous donnais de l’argent, poursuivit-il, assez