Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/488

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d’argent pour vous mettre, vous et vos enfants, à l’abri de tout besoin, m’en auriez-vous de la reconnaissance, Catherine ?

— Est-ce une aumône que vous voulez me faire ? demanda la veuve.

— Non, c’est plus que cela… Vous savez, Catherine, que je suis héritier unique de l’oncle Jean. Vous, du côté de votre mari, vous avez droit à une petite part de cet héritage. Vous le croyez du moins. C’est pour cela, — car vous sentez bien que vous n’obtiendriez jamais rien, — c’est pour cela que vous m’en voulez tant et toujours. Eh bien, jugez combien je vous porte d’affection, je viens vous offrir votre part d’héritage.

La veuve parut stupéfaite.

— Oui, reprit Mathias, que la succession me vienne ou qu’elle aille à un autre, jamais vous n’en auriez rien ; car votre droit est douteux, et vous ne pourriez l’établir qu’à grands frais. Vous êtes la seule parmi les soi-disant héritiers qui soyez dans une véritable misère, c’est pourquoi je viens à vous, mû par un sentiment de probité, vous donner la part qui, dans votre opinion, vous revient, et vous la donner sans exiger de titre, sans soulever de contestation. Qu’en dites-vous ?

— Oh ! vous êtes bien bon, dit la veuve ; mais est-ce sérieux, est-ce sincère ce que vous dites ?

— Quel besoin ai-je de venir vous faire cette offre ? Hé bien, Catherine, acceptez-vous ?

— Avec reconnaissance, avec une profonde reconnaissance, Mathias ; mais je voudrais bien, savoir si vous n’exigez pas de moi des conditions ; donner simplement