Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/489

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n’est pas dans votre caractère, ou il faudrait que vous fussiez terriblement changé.

— Non, je vous donne le tout sans conditions, répondit Mathias.

— Alors, j’accepte avec joie. Votre générosité m’étonne tellement que je crois encore que vous voulez vous moquer de moi.

— Pourquoi cela ?

— Quand aurai-je l’argent, Mathias ?

— Dès que je serai moi-même en possession de l’héritage.

— Et quelle garantie ai-je que vous tiendrez vos promesses ?

— Ma parole d’honnête homme.

— Il est possible que cette parole ait quelque valeur, puisque, vous vous dites si profondément changé. Ainsi, je la prends pour ce qu’elle est… et je vous remercie. Maintenant il faut que je retourne à l’ouvrage.

Elle se leva et allait partir avec un sourire qui témoignait assez qu’elle ne croyait pas un mot de tout ce que Mathias lui avait dit :

— Demeurez encore un instant, dit Mathias, je vous prouverai que je dis la vérité. Vous savez ou vous ne savez pas, Catherine, que l’oncle Jean est malade. Il a la goutte et ne descend plus de sa chambre. Cette maladie me donne beaucoup d’occupation ; il y a des commissions à faire, il y a une chose ou l’autre à cuire, et je ne m’entends pas bien à cela. L’oncle Jean m’a prié de chercher une femme qui demeure pendant le jour au