Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/490

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couvent pour m’aider. Elle aura un bon salaire et sera bien soignée de toute manière…

Depuis que Mathias avait abordé ce dernier point, la veuve avait fixé les yeux sur lui avec plus d’attention et de curiosité ; elle paraissait attendre au passage chaque parole qui sortait de sa bouche, mais s’efforçait de dissimuler autant que possible son émotion.

— Et je me suis rendu chez vous, Catherine, pour vous demander si vous ne voudriez pas venir au couvent ? Chaque soir vous retourneriez à la maison, et le matin vous reviendrez chez nous. Pour le peu de peine que cela vous donnera, vous recevrez autant par jour que si vous aviez travaillé aux champs. Et de plus vous aurez la nourriture, Est-ce une mauvaise offre ?

— Pas le moins du monde ; c’est encore ce qu’il y a de mieux. L’héritage, c’est un œuf qui n’est pas encore pondu, Mathias ; à vous-même il pourrait encore échapper par malheur ; mais le salaire de chaque jour c’est de l’argent assuré.

— Ainsi donc vous acceptez ?

— Sans doute, sans doute, Mathias ; qui refuserait une semblable proposition ?

— Mais vos enfants, Catherine ? je n’y avais pas songé.

— Mes enfants ? Il y en a deux chez ma sœur, à trois lieues d’ici au moins ; Mariette garde les vaches chez le fermier ; on aura bien soin d’elle pendant le jour ; je la verrai toujours le soir.

— C’est bien ! dit Mathias avec joie. Ainsi l’accord est fait… Allons, Catherine, donnez-moi la main pour prou-