Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/491

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()ver que nous nous entendons… Voilà l’affaire arrangée. Quand dois-je vous attendre ? Le plus tôt possible sera le mieux. Cette après-dînée ?

— Peut-être encore plus tôt ! répondit la veuve. Je n’ai pas autre chose à faire que d’aller dire un mot au fermier Claes et à sa femme pour Mariette et pour l’ouvrage.

Mathias se leva et fit semblant de vouloir partir, mais il s’arrêta et reprit avec une apparente indifférence :

— Catherine ; vous avez dit tout à l’heure que l’héritage pourrait m’échapper à moi-même ? Si cela arrivait, je ne pourrais vous donner votre part.

— Je comprends cela, dit la veuve ; mais ne craignez rien, il ne vous échappera pas.

— Tant mieux pour vous et pour moi, Catherine ; mais la prudence n’est jamais de trop. À la vérité, Cécile m’a cédé sa part de sa pleine volonté. Ce matin encore je voulais lui donner quelque espoir : elle m’a répondu par un refus positif. Mais il y en a d’autres qui n’ont aucun droit à la succession, et qui, pour pouvoir pénétrer dans la maison, répandent le bruit que l’oncle Jean est mortellement malade. Il faut dire la vérité au monde, et déclarer à chacun que l’oncle Jean a la goutte : vous ferez cela, n’est-ce pas ?

— Je ferai et dirai tout ce que vous voudrez, répondit la veuve.

— Voyez-vous, Catherine, si nous pouvons, comme il le faut, tranquilliser le monde là-dessus, on ne s’inquiétera plus autant de nos affaires.

— Laissez-moi faire, Mathias ; vous savez que je ne mets pas ma langue dans ma poche.