Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/492

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— Encore un mot, Catherine ; je dois vous dire cela, autrement vous pourriez vous en étonner. L’oncle Jean veut être servi par moi seul ; vous ne le verrez pas, à moins qu’il ne vienne en bas.

— C’était déjà comme cela avant qu’il fût malade ; cela ne me surprend pas.

— Vous ne laisserez entrer personne à la maison pendant mon absence, n’est-ce pas ? Vous fermerez la porte en dedans et ne l’ouvrirez pas, qu’on frappe ou non ?

— Je ferai ce que vous désirez. Je ne puis rien dire de plus.

— En effet. C’est que, voyez-vous, si vous ne vous mettiez pas à l’œuvre avec dévouement et intelligence, je serais forcé de chercher une autre femme de ménage, et tout serait fini entre nous.

— Retournez tranquille et sans inquiétude à la maison, Mathias, dit la veuve en se levant ; si vous n’êtes pas content de moi, vous ne le serez jamais de personne.

— Au revoir donc, et venez à midi ou plus tôt si vous le pouvez. Voici le denier à Dieu. Vous voyez que je ne suis pas chiche pour vous.

Il mit dans la main de la veuve une pièce de deux francs, sortit de la chaumière, et disparut bientôt derrière le taillis.

La veuve le suivit un instant du regard, puis se dit avec un sourire ironique :

— Ah ! ah ! le faux démon ! Il pense que je lui ai vendu mon âme… vendu pour de vaines promesses… Que peut-il se passer au couvent pour qu’il ait besoin d’un complice ? Ainsi il me faudrait l’aider à tromper