Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/493

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Cécile, cet ange de bonté, et à la dépouiller de ce qui lui revient. Hypocrite Judas, qui croit-il donc que je suis ?… Maintenant je le tiens, le coquin !… C’est Dieu qui dans sa justice lui a réservé cela… C’est à moi justement qu’il devait avoir affaire…

Elle demeura un instant plongée dans ses réflexions ; bientôt le sourire railleur disparut de son visage pour faire place à une expression plus douce, et l’œil rayonnant de joie elle s’écria :

— Rendre à Cécile sa fortune et l’amour de son oncle ! Récompenser elle et Barthélemy, mes excellents bienfaiteurs, de leur compassion ! Punir le fourbe, combattre et vaincre le méchant… Ah ! ce serait beau ! Prions Dieu qu’il donne à la pauvre veuve assez d’habileté pour triompher de la scélératesse.

Elle quitta la cabane et prit un sentier. Alors seulement elle se souvint de la pièce que Mathias lui avait mise dans la main. Elle la considéra un instant avec dégoût, la jeta au loin par-dessus les arbres, et s’essuya la main à son tablier comme si l’argent y eût laissé une tache.


VIII



La mendiante avait déjà passé trois jours au vieux couvent. Elle n’apercevait rien qui pût lui faire présumer quelque chose de pire que ce qu’elle avait pensé ; au contraire, elle commençait à croire qu’elle s’était en quelque sorte trompée sur le compte de Mathias. Il montrait tant de sollicitude pour le vieillard, et parlait avec tant de pitié