Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/495

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plus du bain, mais qu’elle devait néanmoins rester pour veiller, parce que le malade avait la fièvre et qu’on ne pouvait savoir s’il n’y aurait pas lieu d’appeler le médecin sans retard, et même peut-être si ce ne serait pas une bonne précaution que d’aller chercher le curé. L’oncle Jean n’allait pas plus mal qu’auparavant ; mais un vieillard caduc ne supporte pas grand’chose. C’est pourquoi il était prudent d’avoir quelqu’un sous la main pour le cas où il faudrait du secours ; il se pouvait que, contre toute attente, l’affaire devint sérieuse !

La veuve ne se laissa pas tromper tout à fait par ce langage ; elle soupçonna que la maladie dé l’oncle Jean était plus grave qu’on ne le lui disait, et se proposa, si cela continuait, de rompre dès le lendemain matin avec Mathias et de lui mettre à dos le curé et le bourgmestre, qui, au nom de la loi et de la religion, parviendraient bien à sonder le coupable mystère.

Elle était assise, seule, auprès du foyer, et réfléchissait à la façon dont elle s’y prendrait pour faire comprendre à l’autorité les manœuvres illégales auxquelles on avait eu recours pour dépouiller Cécile de sa part héréditaire ; peut-être le curé ne se refuserait-il pas à faire une tentative pour ramener l’oncle Jean à des sentiments plus justes ; et par ce moyen elle réussirait peut-être, au profit de ses bienfaiteurs, à atteindre un but qui lui échapperait si elle restait seule au couvent, puisque jusque-là elle n’avait pas encore vu le vieil oncle.

Au milieu de ces réflexions, la crainte la prit qu’il ne fût peut-être trop tard le lendemain ; qui pouvait savoir ce qui se passait en haut entre Mathias et le vieillard ?