Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/499

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ments étaient encore pleins d’énergie et sa voix perçante devait porter loin.

— Silence ! s’écria Mathias en portant le poing à la figure de l’oncle Jean et en menaçant de le frapper ; silence ! ou j’étouffe votre voix…

l’oncle Jean se tut, Mathias retira son poing.

— Que je vous entende encore ! dit-il d’un ton menaçant

Le vieillard s’était tu un instant, comme pour reprendre haleine, car sa poitrine palpitait violemment ; son regard irrité demeura fixé sur Mathias.

Celui-ci demanda d’une voix ironique :

— Saurai-je enfin quelle guêpe vous a piqué ? J’ai rêvé peut-être ! Êtes-vous fou de faire une vie pareille ? Vous feriez mieux de chercher à dormir ; cela vous ferait plus de bien que ces sottes boutades.

Ces mots enflammèrent davantage encore le courroux du vieillard.

— Serpent ! cria-t-il, ah ! tu me laisses mourir de faim comme un chien ? Je vis trop longtemps. Du pain et de l’eau me tueront lentement, par la faim… Il te faut mon argent ; et pour cela je suis condamné à mourir, assassin !

Mathias considérait avec trouble le vieillard irrité et paraissait trembler sous la certitude que sa fourberie était complétement découverte.

— Mais, poursuivit l’oncle Jean, il l’échappera, mon argent ! Tu t’imaginais que je mourrais cette nuit ? Non, non. Dieu me donnera encore la force de te punir, scélérat. Demain, demain, je déchire mon testament ; tu