Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/501

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lonté, mes goûts, mon honnêteté, ma vie, mon âme… vous paierez tout cela, vous le paierez au poids de l’or !

— Tu n’auras rien ! rien ! grommela le vieillard avec aigreur.

— Rien ? reprit Mathias, cela vous est commode à dire ; mais vous avez perdu la tête. Vous ne redoutez donc pas ce que je puis faire ? Vous oubliez que vous êtes à ma merci, ni plus ni moins que si nous étions au milieu d’un désert, et que personne ne peut voir comment je réclame mon paiement ? Vous m’appelez scélérat, vous me nommez assassin ? Vous ne croyez donc pas à vos propres paroles, puisque vous provoquez le lion qui peut vous dévorer… qui vous dévorera si vous ne rassasiez sa faim ? J’ai faim de votre or, oncle Jean. Rassasiez-moi ; rassasiez-moi, ou…

En disant ces mots, il fixa des yeux si enflammés, si féroces, sur le vieillard, que celui-ci, poussant de nouveaux cris, se rejeta en arrière dans son lit.

— Rassasiez-moi ! rassasiez-moi ! cria Mathias tout à fait hors de lui et en grinçant des dents comme s’il était prêt à commettre un meurtre.

— Mon Dieu, au secours ! s’écria le malade en tendant ses mains tremblantes. Mathias, Mathias, que voulez-vous ?

— Je veux vos clefs, hurla Mathias ; vos clefs, vous dis-je !

Le vieillard ne répondit pas ; mais la demande de Mathias parut lui inspirer encore plus de terreur que ses menaces. Il fit un mouvement convulsif sous la cou-