Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/505

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clous qu’à peine on pouvait en distinguer le bois. Une large serrure, rougie par la rouille, s’attachait à la muraille, et une épaisse barre de fer placée en travers de la porte fermait cette entrée du trésor de l’avare.

Le cœur palpitant, Mathias fit, avec un pénible effort, tourner la clef dans la serrure et écarta tous les obstacles. Il descendit les marches d’un escalier et se trouva dans un caveau spacieux.

Une fois dans le lieu même où devaient être cachés les trésors de l’oncle Jean, l’assassin oublia son forfait ; sa conscience se tut, la peur l’abandonna tout à fait. Il ne ressentit plus d’autre émotion que le désir ardent de voir de l’or, de toucher de l’or, d’avoir de l’or. Sur son visage se peignit le sourire de l’extase, dans ses yeux rayonna le feu de la convoitise.

La lampe à la main, il fit en furetant le tour du caveau. Il ne découvrit rien, rien que les quatre murailles nues, et près de l’escalier une lourde pierre qui avait visiblement servi de siège. Il se mit à trembler ; l’anxiété et la déception contractèrent ses traits.

— Comment ! dit-il d’une voix sourde et abattue, l’argent ne serait pas ici ? Il n’y a pourtant aucune issue. C’est impossible ! Ah ! que vois-je ? n’est-ce pas un trou de serrure ?

Il poussa un éclat de rire et, fou de joie, s’élança vers le point remarqué ; puis cherchant la clef et ouvrant enfin une cachette pratiquée dans l’épaisseur de la muraille, il s’écria :

— Ah ! ah ! voilà le trésor ! Trois sacs ! quatre… cinq sacs ! de l’or ! de l’or !