Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/507

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che le sac fatal qui venait de briser si cruellement son dernier espoir de trouver de l’or, il plongea la main droite dans la cachette, et la fouilla fiévreusement pour s’assurer qu’aucun autre objet n’y était caché : elle était vide, sa main ne rencontra rien. Non encore satisfait, il introduisit la lampe et avança la tête dans la cavité ; il ne vit rien que des pierres unies.

Un cri lugubre mourut dans sa gorge contractée ; d’un pas chancelant il gagna la pierre, s’y affaissa exténué et posa la lampe sur le sol.

Il resta un instant assis, la main sur le front, le regard vitreux et perdu dans les ténèbres. Puis il dit d’un ton qui dénotait en même temps l’abattement et la colère :

— Quelques livres de cuivre ! Ainsi ce serait là le prix de dix années de servitude et de misère ? le prix d’un meurtre… le prix de mon âme ! Oh ! oncle Jean… traître, hypocrite, voleur ! Il m’a trompé… il m’a volé… C’est donc là ce bonheur si longtemps attendu ! la richesse, le luxe, la grandeur… un monceau de cuivre. Malédiction ! je l’ai tué… eh bien, ne l’a-t-il pas mérité ? Ah ! j’aurais dû le faire mourir lentement, dans de longues tortures, le traître !

Il se tut et demeura les yeux fixés sur le pavé. Bientôt des larmes s’échappèrent de ses yeux : le lâche scélérat se mit à pleurer et à sangloter comme un enfant. Cependant cette tristesse ne le maîtrisa pas longtemps. Il proféra un affreux blasphème, bondit debout, saisit le sac qui gisait à ses pieds, hurla des cris inarticulés, et lança dans sa fureur le lourd sac au bout du caveau. Un résonnement creux répondit au choc du métal.