Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/508

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— Ah ! s’écria Mathias avec une joyeuse surprise, qu’est-ce que cela !

Et courant avec la lampe il tomba à genoux dans un coin de la cave, et dans sa joie insensée, il se mit à frapper des poings le sol retentissant, et à faire de la tête des signes affirmatifs.

Il eut bientôt soulevé une petite trappe, et son regard plongea avec délices dans le réduit dont il venait de lever le couvercle ; là aussi gisaient des sacs de toile remplis d’argent.

— Stupide trompeur ! murmura Mathias en retirant un sac ; il tend un piège, il met une amorce ; il cache un peu de cuivre dans un lieu qui frappe l’œil de prime abord… Mais cela n’a pas réussi, voici le magot !

— De l’or ! c’est de l’or ! s’écria-t-il soudain d’une voix si étrange qu’on eût cru entendre les cris de joie d’un enfant. De l’or ? Et celui-ci ? que sera-ce ? de l’or ! encore de l’or ! Et le troisième ? de l’or ! toujours de l’or !

Quand il eut tiré et ouvert un certain nombre de sacs et qu’il ne resta plus rien dans le trou, il rampa en quelque sorte en arrière, et oubliant le monde entier il s’assit et se mit à verser le contenu de tous les sacs sur ses genoux.

Il contempla un instant d’un œil fixe ce monceau d’or ; à en juger par l’expression de son visage on eût dit qu’il voyait s’ouvrir devant lui le ciel et toutes ses béatitudes. C’était une extase de jouissance telle qu’elle ressemblait à la folie.

— Ah ! ah ! murmura-t-il, que c’est beau ! comme