Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/52

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ries qui y étaient gravées, et se plongea dans une rêverie désespérée, dont il sortit tout à coup comme s’il venait de prendre une solennelle résolution.

Enfin, les yeux fixés sur la tabatière, il se mit à gratter les armes avec un canif et murmura d’une voix calme, quoique tremblante encore d’émotion :

— Souvenir de mon excellente mère, talisman protecteur qui as si longtemps caché ma misère et que j’invoquais comme un bouclier sacré toutes les fois que ma détresse allait se trahir, — ô toi, dernier legs de mes ancêtres, il faut aussi que je te dise adieu ; il faut, hélas ! que je te profane de ma main ! Puisse ce dernier service que tu me rends nous sauver d’une humiliation plus grande !

Une larme coula sur ses joues et sa voix s’éteignit. Il poursuivit néanmoins son étrange travail et gratta le couvercle de la boite jusqu’à ce que les armoiries eussent complètement disparu.

Alors le gentilhomme rentra en ville et parcourut un grand nombre de petites rues solitaires en interrogeant toutes les enseignes d’un regard timide et détourné.

Après avoir erré une heure, il entra dans une étroite ruelle du quartier Saint-André, et poussa soudain une exclamation de joie attestant qu’il avait trouvé ce qu’il cherchait. Son œil s’était arrêté sur une enseigne qui portait pour inscription ces seuls mots : Commissionnaire juré du mont-de-piété. Dans cette maison on prêtait sur toute espèce de gage, au nom de l’établissement que nous venons de nommer !

Le gentilhomme passa devant la porte et alla jusqu’au