Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/538

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lui demander, selon la coutume, une de ces explications plaisantes dont il était prodigue.

— Ah ! ah ! s’écria la vachère, pas plus d’esprit que le champignon ! Alors vous devez être un terrible lourdaud !

— C’est ce que vous ne savez pas, Mieken[1]. Que dit le proverbe ? Travailler est le lot des imbéciles. Je ne fais rien, ainsi ?…

— Mais qu’a à faire le champignon en tout ceci ?

— C’est une énigme, voyez-vous : le beau grand cerisier, c’est notre baes…

— Flatteur, va ! s’écria la servante.

— Et moi je suis le pauvre et humble champignon…

— Hypocrite ! murmura l’ouvrier frondeur.

— Et si vous parvenez à deviner cette énigme, vous saurez comment les petits chiens doivent s’y prendre pour manger dans le même plat que les grands sans se faire mordre.

Kobe avait l’intention de continuer à vexer ses auditeurs par ses mots à double entente, mais il entendit la voix du baes dans l’intérieur de l’auberge, et dit aux ouvriers en remettant sa pipe dans l’étui :

— Laissez les paysans reprendre leurs fléaux, mes gars ! Voici notre brave, notre gracieux baes qui vient voir si l’ouvrage marche…

— Nous allons avoir notre déjeuner ; ce ne sera pas un petit vacarme ! dit la vachère en courant au puits.

  1. Marie.