Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/540

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Si vous voulez que cela aille mieux, souvenez-vous qu’il est difficile de prendre les mouches avec du vinaigre, ou les lièvres en battant le tambour…

— Kobe, Robe ! cria une voix de l’intérieur avec un accent marqué d’impatience.

— Voyez, voyez-le composer sa mine hypocrite ! dit d’un ton moqueur un autre batteur.

— C’est justement là l’art que vous n’apprendrez jamais ! riposta Kobe.

Et se tournant vers l’auberge, il cria sur un ton suppliant et comme s’il eût été effrayé :

— Je viens, je viens. Cher baes, né vous fâchez pas, j’accours, je suis là.

— Il gagne son pain à jouer le chien couchant ! murmura avec mépris l’ouvrier courroucé ; j’aime mieux battre le blé ma vie entière. Voilà ce qui arrive des hommes qui ont passé par tous les filets comme lui !

— Il a été dix ans soldat. C’est là qu’on apprend à faire le niais et le bouffon pour travailler le moins possible. Après cela, il est devenu domestique de messieurs, et ce métier-là ne donne pas non plus de durillons aux mains… Mais quelle diablesse d’énigme nous a-t-il donnée là ? Comprenez-vous ce qu’elle signifie ?

— Oh ! c’est facile à deviner, répliqua le premier ; il veut dire qu’il est installé sur la nuque du baes, et qu’il en vit comme le champignon du cerisier. Allons, allons, remettons-nous à battre.