Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/544

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nent garde, ils le paieront cher. Les montagnes ne se rencontrent pas, mais bien les hommes.

— Sans doute, baes, ce qui est différé n’est pas perdu.

— Je serais bien sot de faire encore ferrer mes chevaux ou de commander d’autres travaux chez ce drôle éhonté.

— Oui, baes, qui est trop bon est à demi fou.

— Personne de ma maison ne mettra plus le pied dans sa forge.

— Non, baes.

— Et alors le moqueur sera bien attrapé et se mordra les doigts, n’est-il pas vrai ?

— Sans doute, baes.

— Mais, Kobe, je crois que ce vaurien de forgeron est payé par quelqu’un pour me vexer et se railler de moi. Le garde champêtre croit aussi que c’est lui qui, à la nuit de mai dernière, a écrit quelque chose sur notre enseigne.

— À l’âne d’argent, baes.

— Il est inutile de répéter ces vilaines grossièretés !

— Oui, baes.

— Tu devrais le rosser d’importance entre quatre yeux pour que personne ne le voie, et puis lui faire mes compliments.

— Oui, baes.

— Le feras-tu ?

— Les compliments, oui, baes.

— Non, la rossée !

— C’est-à-dire que vous voudriez me voir revenir à la maison sans bras ni jambes. Je ne suis pas très-fort,