Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/545

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baes, et le forgeron n’est pas chat à empoigner sans gants.

— As-tu peur d’un aussi lâche fanfaron ? Il y a de quoi être honteux !

— Il n’est pas bon de se battre contre celui qui est las de la vie. Mieux vaut Jean poltron que Jean mort, dit le proverbe, baes.

— Kobe, Kobe, je crois que tu ne mourras pas de courage.

— Je l’espère, baes.

Tout en causant, la colère de baes Gansendonck se dissipa. Parmi beaucoup de défauts il avait cependant une bonne qualité : c’est que, bien qu’il prît très-facilement la mouche, il oubliait très-promptement l’offense qu’on lui avait faite.

Il avait traversé quelques sapinières et se promenait sur ses propres terres, où il trouva mille occasions de laisser le champ libre à son sentiment outré de la propriété et de tempêter et invectiver contre tout le monde. Ici, une vache s’était fourvoyée et, s’écartant du sentier, avait passé sur sa terre ; là, une chèvre avait quelque peu brouté le feuillage de sa plantation ; plus loin, il crut découvrir des pas de chasseurs et la trace de leurs chiens.

Cette dernière circonstance surtout le fit trépigner de colère. Il avait fait placer à tous les coins de ses champs de grands poteaux avec l’inscription : Chasse défendue, et nonobstant ce il s’était trouvé quelqu’un d’assez audacieux pour violer son droit de propriété.

Il était en train de jeter au vent, sur ce fait, une ky-