Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/547

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Il aperçut alors une pie dans les branches du hêtre et entendit l’oiseau railleur répéter son injurieuse apostrophe :

— Kobe, Kobe, cria-t-il, cours chercher mon fusil de chasse. C’est la pie du forgeron : il faut qu’elle meure, la coquine de bête !

Mais la pie s’élança de l’arbre, et prit son vol vers la maison.

Le domestique fut pris d’un rire convulsif si violent, qu’il tomba sur le gazon, où il se roula pendant quelques instants.

— Finis ! hurlait le baes, ou je te chasse ! Finis de rire, te dis-je.

— Je ne puis, baes !

— Lève-toi !

— Oui, baes !

— J’oublierai ton impertinence à une condition : il faut que tu empoisonnes la pie du forgeron.

— Avec quoi, baes ?

— Avec du poison.

— Oui, baes, si elle veut le manger.

— Alors tue-la avec un fusil.

— Oui, baes.

— Allons, partons… Mais que vois-je là-bas dans ma sapinière ? Soyez donc propriétaire pour être pillé par un chacun !

À ces mots il courut vers la sapinière, suivi par le domestique, et tout en tempêtant.

Il avait aperçu de loin une pauvre femme et deux enfants occupés à briser les branches mortes des sapins et