Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/55

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plus hauts s’élèvent des fermes isolées, des maisons de campagne, voire même des villages entiers, comme l’homme, de même que la terre, ne demandait qu’une eau courante pour y trouver la nourriture et la vie.

Dans un de ces endroits, où la présence de prairies et de pâturages a rendu la culture possible, se trouvait, au bord d’un chemin écarté, une ferme passablement importante. Les grands arbres qui étendaient aux alentours leur ombre majestueuse attestaient que l’homme avait depuis des siècles pris possession de ces lieux. En outre, les fossés qui l’entouraient et le pont de pierre qui en précédait la porte principale, faisaient supposer avec raison que cette demeure avait dû être une propriété seigneuriale. On la nommait dans les environs le Grinselhof. Toute la partie antérieure était occupée par la métairie, c’est-à-dire l’habitation du fermier, les étables et les granges, si bien que le passant ne pouvait guère apercevoir ce qui se trouvait ou se faisait dans l’enceinte des fossés que protégeaient, en outre, d’épais massifs de verdure. Et c’était en effet un mystère, même pour le fermier. Ces impénétrables massifs qui s’élevaient derrière sa demeure dérobaient comme un rideau l’intérieur de la campagne à son regard curieux. Ni lui, ni aucun des siens ne pouvaient franchir cette limite sans être spécialement appelé au delà.

Au fond de la propriété, à l’abri d’un ombrage séculaire, se trouvait une vaste maison que les paysans nommaient le château, là habitait avec sa fille un gentilhomme menant une vie aussi solitaire et aussi retirée que celle d’un ermite, sans valet ni servante, et fuyant avec