Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/550

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vez ramasser les branches mortes dans tous mes bois. Ce disant ; il montrait de la main tous les alentours comme si la contrée entière lui eût appartenu.

La pauvre femme fit quelques pas en arrière pour reprendre son fagot, et le remercia ainsi d’une voix émue par la reconnaissance :

— Dieu vous bénisse pour votre bonté, monsieur le baron !

Un frisson parcourut les membres de baes Gansendonck, et son visage fut comme illuminé d’un rayonnement de bonheur.

— Femme ! femme ! approchez-vous un peu ! s’écria-t-il. Qu’avez-vous dit là ? Je n’ai pas compris.

— Soyez mille fois remercié, monsieur le baron ! répondit la ramasseuse de bois.

Baes Gansendonck mit la main à la poche, et en retira une pièce d’argent qu’il présenta à la femme en lui disant les larmes aux yeux :

— Tenez, petite mère, réjouissez-vous un peu aussi ; et quand ce sera l’hiver, venez tous les samedi là-bas au Saint-Sébastien ; on vous y donnera du bois et du pain à foison. Retournez chez vous maintenant.

En disant ces mots, il quitta la femme, et sortit précipitamment du bois. Il pleurait tellement que des larmes abondantes coulaient sur ses joues. Le domestique, remarquant cela, s’essuya aussi les yeux avec la manche de sa veste.

— C’est surprenant, dit enfin le baes en soupirant, que je ne puisse voir souffrir personne sans que mon cœur déborde.