Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/551

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— Moi non plus, baes.

— L’as-tu entendu, Kobe ? cette femme m’a pris aussi pour monsieur le baron.

— Elle a raison, baes.

— Tais-toi maintenant, Kobe ; nous allons regagner tout doucement la maison.

— Oui, baes.

Kobe se mit à suivre avec la plus grande soumission l’empreinte des pas de son maître. Tous deux marchaient rêveurs : le baes pensait au beau nom que la pauvre femme lui avait donné ; le domestique songeait au lièvre à la sauce au vin qui l’attendait à la maison.

Depuis quelques instants, trois chasseurs avaient débouché de derrière une haie de chênes et contemplaient, en riant et en plaisantant, baes Gansendonck et son domestique. C’étaient trois jeunes messieurs en élégant costume de chasse, le fusil sous le bras.

L’un d’eux semblait connaître particulièrement bien le baes du Saint-Sébastien. Il expliquait à ses compagnons par quel singulier démon d’orgueil et de suffisance le brave homme était possédé, et leur faisait un grand éloge de Lisa, sa fille.

— Allons, allons, s’écria-t-il enfin, nous sommes las : amusons-nous un peu. Suivez-moi, nous accompagnerons le baes au Saint-Sébastien, et nous y viderons une bouteille. Mais ayez soin de lui parler avec respect et de faire force compliments. Plus fou ce sera, mieux cela vaudra.

Ce disant, il sauta avec ses compagnons au delà du fossé desséché, et courut vers le baes. Il s’inclina pro-