Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/552

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fondément devant celui-ci et le salua avec mille politesses.

Pierre Gansendonck prit des deux mains son bonnet fourré et s’efforça de répéter vis-à-vis du jeune homme ce que celui-ci avait fait vis-à-vis de lui. Les deux autres chasseurs, au lieu de prendre part à ces cérémonies, se cachaient derrière le domestique et faisaient d’incroyables efforts pour ne pas éclater de rire.

— Eh bien ! monsieur Adolphe, mon ami, dit le baes, comment va votre papa ? Toujours gros et gras ? Il ne vient plus nous rendre visite depuis qu’il demeure en ville. Mais loin des yeux, loin du cœur, dit le proverbe.

Adolphe prit par la main un de ses amis rieurs et l’attira de force devant le baes :

— Monsieur Gansendonck, dit-il avec solennité, j’ai l’honneur de vous présenter le jeune baron Victor Van Bruinkasteel ; mais veuillez excuser son infirmité ; c’est un mal nerveux qui lui est resté à la suite de convulsions : il ne peut regarder personne sans éclater de rire.

Victor ne put se contenir, il rejeta la tête en arrière, trépigna, et devint violet et bleu à force de rire.

— Tu vas gâter l’affaire, lui dit Adolphe à l’oreille. Finis, ou il va s’apercevoir de quelque chose.

— Faites à votre aise, monsieur Van Bruinkasteel, dit le baes ; ce n’est pas à rire qu’on gagne, des cors aux pieds.

Adolphe prit la main de son ami et répéta la présentation.

— Monsieur Van Bruinkasteel n’a pas l’honneur de me connaître ? dit le Baes en s’inclinant.