Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/553

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— En effet, répondit Victor, j’ai l’honneur de vous être inconnu.

— L’honneur n’est pas grand, monsieur, répondit le baes en s’inclinant de nouveau. Monsieur vient sans doute passer la saison de la chasse au château avec notre ami Adolphe.

— Pour vous servir, monsieur Gansendonck.

— Son père nous a acheté le pavillon de chasse, dit Adolphe ; monsieur Van Bruinkasteel sera, chaque hiver, votre voisin, et viendra probablement vous rendre visite souvent, monsieur Gansendonck.

— Mais, Adolphe, mon ami, pourquoi cet autre jeune monsieur demeure-t-il là derrière Kobe ? Aurait-il peur de moi ?

— Il est timide, monsieur Gansendonck ; que peut-on faire à cela ? C’est l’effet de sa grande jeunesse… Mais, monsieur Gansendonck, vous avez une chasse réservée à ce que je vois : vous êtes donc chasseur aussi ?

— Je suis grand amateur, n’est-ce pas, Kobe ?

— Oui, baes, de lièvres. — Moi aussi… Pourvu qu’on ne le laisse pas brûler ! ajouta-i-il à part lui.

— Que grommelles-tu là ? s’écria le baes d’une voix courroucée pour montrer à ces messieurs qu’il avait la haute main sur ses domestiques. Que grommelles-tu là, malotru ?

— Je demande si vous ne croyez pas qu’il soit temps de retourner à la maison, baes. Et je me disais en moi-même : pécher et chasser donnent faim à l’estomac.

— Quand un porc rêve c’est de drêche ! Tais-toi.