Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/554

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— Oui, baes, se taire et penser ne font tort à personne.

— Pas un mot de plus, te dis-je.

— Non, baes.

— Ces messieurs me feront-ils l’honneur de venir prendre chez moi un verre de vin du matin ? demanda Pierre Gansendonck.

— C’est là précisément ce que nous avions l’intention d’aller vous demander.

— Bien, venez donc ; vous me direz ce que vous pensez de ce petit vin-là. N’est-il pas vrai, Kobe, tu l’as goûté une fois au moins, toi ? Si vous ne vous en léchez pas les doigts, messieurs, dites que je suis un paysan.

— C’est vrai, baes ! répondit le domestique.

Le baes se mit en route d’un pas majestueux en causant amicalement avec Adolphe, tandis que les deux amis de celui-ci se tenaient en arrière pour pouvoir donner libre cours à leur gaîté. Kobe jetait sur cette scène des regards sournois, et lui-même eût ri aussi, si le lièvre ne lui eût tellement trotté en tête qu’il en avait des crampes d’estomac.

La société s’avança lentement vers le Saint-Sébastien.


IV


N’introduisez pas le loup dans la bergerie.



C’était une magnifique matinée. Le soleil apparaissait à l’horizon comme un ardent disque d’or duquel rayonnaient des faisceaux de lumière dans le ciel entier. Cette étincelante lumière traversait en se jouant les vitres du