Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/558

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quelques compliments avec les jeunes chasseurs, baes Gansendonck était descendu à la cave. Il en revint bientôt avec des verres et une bouteille qu’il posa sur la table devant sa fille.

— Asseyez-vous, asseyez-vous, messieurs, dit-il nous allons trinquer avec Lisa ; elle vous fera bien raison. Ah ! c’est en français ? C’est étonnant que j’aime tant à entendre le français ; je resterais une journée entière à écouter ; cela me fait toujours l’effet d’une chanson !

Il prit Victor par le bras et le força de s’asseoir à côté de Lisa :

— Pas tant de compliments, monsieur Van Bruinkasteel, s’écria-t-il ; faites comme si vous étiez chez vous.

La physionomie si belle et si douce de Lisa avait, au premier abord, inspiré une sorte de respect à deux des jeunes chasseurs ; ils étaient assis de l’autre côté de la table, et contemplaient silencieusement la naïve jeune fille qui s’efforçait visiblement de paraître polie, mais dont la pudeur effarouchée enflammait le front d’une ardente rougeur.

Victor Van Bruinkasteel n’était pas aussi retenu ; il se mit hardiment à prodiguer des louanges à la jeune fille sur sa beauté, sur sa broderie, sur sa façon de parler le français ; il sut flatter avec tant de grâce et d’habileté, sans sortir le moins du monde des convenances, que Lisa rêveuse écoutait sa voix comme elle eût écouté un chant harmonieux.

Baes Gansendonck, qui à chaque mot sentait l’espérance descendre dans son cœur, et qui nourrissait une