Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/561

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commune des paysans qu’elle entendait tous les jours.

Un jeune homme ouvrit la porte de derrière et entra dans la chambre suivi du domestique.

— Un verre de bière, Kobe, et tirez-en un pour vous aussi, dit-il.

Ce vigoureux jeune homme portait une blouse de fine toile bleue, une cravate de soie et une casquette de peau de loutre. Son beau et régulier visage était bruni par le soleil ; ses larges mains attestaient un travail journalier, tandis que ses grands yeux bleus pleins de feu et de vie, faisaient penser qu’il n’était pas moins bien doué du côté de l’esprit et du cœur que du côté du corps.

À son entrée Lisa se leva et lui souhaita la bienvenue par un sourire si amical et si familier que deux des jeunes chasseurs le regardèrent avec étonnement. Adolphe, le troisième chasseur, le connaissait déjà depuis longtemps.

Le baes murmura quelques paroles d’un ton bourru et fit une mine rébarbative, comme si la présence de Karel le brasseur lui eût été éminemment à charge ; il frappa même impatiemment du pied et ne cacha pas son dépit.

Le jeune homme ne semblait guère prendre garde à tout cela ; ses yeux fixés sur Lisa paraissaient lui faire une demande. La jeune fille lui adressa un sourire plus doux et plus expressif encore que le premier ; alors seulement une expression de contentement apparut aussi sur le visage de Karel.

— Père, dit Lisa.

— Encore ce mot de paysan ! s’écria le baes.