Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/565

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été fort agréable, et si vous nous faites encore l’honneur de venir chez nous, vous y serez chaque fois le bienvenu.

— C’est cela ! c’est cela ! s’écria le baes en frappant des mains. Ah ! monsieur Van Bruinkasteel, c’est une perle de fille ! Vous ne la connaissez pas encore ! Elle sait chanter comme un rossignol ! Voulez-vous vous asseoir encore un peu ? Je vais chercher une autre bouteille ?

— Non, il nous faut partir, autrement la journée entière se passera. Merci de votre amicale réception.

— Je vais faire avec vous un bout de chemin si ces messieurs le permettent, dit le baes ; j’ai encore là-bas, près de la route, un petit bois que je vais voir ; le pied du maître rend la terre meilleure, dit le proverbe.

Les jeunes messieurs déclarèrent tous que la société de M. Gansendonck leur serait très-agréable, et sortirent de l’auberge avec lui, avec force formules de politesse. Le domestique suivit son maître.

Dès que les deux jeunes gens furent seuls, Lisa dit d’une voix douce :

— Karel, il ne faut pas vous attrister de ce que mon père vous parle un peu rudement ; vous savez bien qu’il ne pense pas comme il parle :

Le jeune homme secoua la tête et répondit :

— Ce n’est pas cela, Lisa, qui me fait peine.

— Qu’est-ce donc ? demanda la jeune fille avec surprise.

— Je puis difficilement vous l’expliquer, Lisa. Votre âme naïve et pure ne me comprendrait pas. Taisons-nous plutôt sur ce point.