Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/574

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comme sa fille, voilà ce que je ne puis digérer. Voyez-vous, je ne veux de mal à personne, mais si par hasard, Gansendonck se cassait le cou, je regarderais cela comme une punition de Dieu !

— Sois tranquille, Sus ! la punition vient toujours à son heure. Quand la fourmi gagne des ailes, elle est bien près de mourir.

— Ne menace pas tant, Sus, le blaeskaek a dit qu’il te ferait mettre en prison.

— Bah ! Je crains aussi peu le fanfaron que s’il n’était qu’en peinture sur la muraille.

— Mais ne peux-tu faire comprendre à Karel qu’il devrait la laisser courir avec ceux pour qui elle est bonne ?

— Il n’y a pas d’onguent qui puisse le guérir ; plus on le fait servir de plastron au Saint-Sébastien, et pire il devient ; on lui fait croire là-bas que le chat pond des œufs ; il a perdu le sens. Il a perdu tout courage aussi : quand on parle un peu trop de cette affaire, les larmes lui viennent aux yeux, il tourne les talons et bonjour les amis.

— Mais Kobe ne pourrait-il faire comprendre à son baes que lorsqu’une corneille veut voler avec les cigognes, elle tombe bientôt dans la mer et s’y noie ?

— Baes et domestique se servent du même peigne ; deux sacs mouillés ne se sèchent pas l’un l’autre.

— Tais-toi, Sus, le voilà ; je crois qu’il vient à la forge.

En effet, Karel entra dans la forge et salua les compagnons avec un sourire forcé. Muet, il s’approcha de