un souffle de vie. Je ne vous comprends pas : vous êtes, comme dit le proverbe, tantôt trop sage, tantôt trop fou, jamais comme il faudrait être. Vous iriez faire du beau au Saint-Sébastien ; vous avez le regard d’un taureau furieux !
Sans avoir égard à ces paroles, Karel fit volte-face et s’achemina rapidement dans la direction de la demeure de baes Gansendonck. Le domestique laissa tomber son fusil, et se précipita au-devant du brasseur en le retenant de force.
— Laisse-moi aller ! dit Karel tandis que Kobe le regardait avec un sourire ambigu ; je veux partir, et tu sais bien que tu ne peux m’en empêcher. Pourquoi me forcer à te faire du mal ?
Ces paroles dites de sens rassis surprirent le domestique : pourtant il ne lâcha pas prise et demanda :
— Promettez-vous d’en rester aux mots et de ne pas recourir aux mains ?
— Je ne ferai de mal à personne, répondit le jeune brasseur.
— Qu’allez-vous donc faire ?
— Suivre votre conseil, Kobe ; demander compte de sa conduite à tout le monde, et dire tout net ce que j’ai sur le cœur ; mais ne craignez rien, Kobe, j’ai une mère.
— Ah ! votre bon sens est-il revenu ? Vous pourriez en remontrer au coq du clocher ! Vous ne feignez pas, n’est-il pas vrai ? Eh bien, allons, je vous accompagne. Soyez calme et fort, Karel ; qui parle haut a à moitié vaincu. Faites un peu de bruit, montrez les dents, et dites une