Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/583

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bonne fois son fait au baes ; le courage ne lui donnera pas la fièvre. Dieu sait, si vous l’abordez bien, si lui-même ne priera pas le baron de passer désormais outre sa porte ; et alors après la douleur vient le plaisir ! Il me semble déjà voir le ménétrier sur son estrade !

Tous deux suivaient le sentier d’un pas mesuré ; le domestique faisait entrevoir au jeune homme une consolante perspective, l’encourageait à montrer toute la fermeté convenable, et lui conseillait de ne pas prendre garde cette fois aux larmes de Lisa avant d’avoir pleinement atteint le but qu’il avait en vue.

Non loin de l’auberge, Kobe quitta son compagnon préoccupé, en alléguant qu’il était trop tôt pour qu’il rentrât à la maison, et qu’il en avait encore pour toute une grande heure à jouer le garde forestier.

Karel lui serra la main avec reconnaissance et lui promit de nouveau de suivre son conseil. Il sembla au jeune homme, dès qu’il se trouva seul, qu’un voile était tombé de ses yeux, et que pour la première fois il voyait clairement ce qui se passait et ce qu’il avait à faire. Il se proposa de demander compte de sa conduite à baes Gansendonck, et, — que cela lui plût ou non, — de lui faire sentir combien sa folie mettait en péril non-seulement la bonne renommée de Lisa, mais son honneur lui-même. La physionomie du jeune homme, lorsqu’il arriva près de l’auberge, attestait une calme et froide résolution.

Cette disposition d’esprit changea tout à coup à la porte de derrière du Saint-Sébastien.

À l’intérieur de la chambre, on entendait la voix