Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/584

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séductrice du baron ; il chantait une romance française dont l’air et le rhythme respiraient l’amour et la coquetterie.

Karel s’arrêta tout tremblant, et prêta l’oreille avec une fiévreuse attention :

Pourquoi, tendre Élise, toujours vous défendre ?
À mes désirs daignez vous rendre.


Les doigts du brasseur se serrèrent convulsivement ; son cœur torturé était en proie à un terrible orage. Les doigts du brasseur se serrèrent convulsivement ; son cœur torturé était en proie à un terrible orage.

Ayez moins de rigueur ;

Si mon amour vous touche,
Qu’un mot de votre bouche

Couronne mon ardeur !


La voix de Lisa se mêlait timidement à celle du baron ; elle aussi chantait ces voluptueuses paroles !

Le sang se précipitait impétueusement dans les veines du jeune homme ; ses yeux s’injectèrent, ses dents se heurtèrent avec un grincement ; et lorsque les derniers vers de la romance tombèrent sur son cœur de la bouche de Lisa et de celle du baron, comme d’ardentes étincelles, ses cheveux se dressèrent sur sa tête.

Pitié ! mon trouble est extrême.

Ah, dites je vous aime !

Ah,Je vous aime[1] !


– Bravo ! bravo ! s’écria le baes en battant des mains. Oh ! que c’est beau !

  1. Air de Joconde, Ces vers sont en français dans le texte original.